• Abengoa, nuages noirs pour l'emploi et les banques

    Source: http://www.20minutes.fr/economie/1744349-20151204-espagne-difficultes-abengoa-nuages-noirs-emploi-banques

    De l'Espagne au Brésil, l'hypothèse d'une faillite du fleuron espagnol des énergies renouvelables Abengoa inquiète: elle menace des milliers d'emplois et des dizaines de projets dans le monde et pourrait porter un coup aux banques du pays.

    Une centrale solaire de l'Espagnol Abengoa à Sanlucar La Mayor, en Andalousie, le 27 novembre 2015Une centrale solaire de l'Espagnol Abengoa à Sanlucar La Mayor, en Andalousie, le 27 novembre 2015 - CRISTINA QUICLER AFP

    © 2015 AFP

    De l'Espagne au Brésil, l'hypothèse d'une faillite du fleuron espagnol des énergies renouvelables Abengoa inquiète: elle menace des milliers d'emplois et des dizaines de projets dans le monde et pourrait porter un coup aux banques du pays.

    «Ils se sont beaucoup endettés (...) le montant total du passif pourrait dépasser les 25 milliards», a souligné, vendredi, le ministre espagnol de l'Industrie, Jose Manuel Soria.

    Critiquant la gestion «malheureuse» du groupe, il a aussitôt ajouté: «Nous n'en sommes plus à l'époque où, quand une entreprise était en difficulté, le gouvernement accourait. Personne n'envisage que le gouvernement injecte des liquidités supplémentaires».

    Groupe familial fondé il y a 70 ans en Andalousie (sud), Abengoa était devenu un fleuron de l'industrie espagnole.

    La multinationale en pointe dans les secteurs de l'énergie solaire, éolienne, dans les biocombustibles, le traitement et la déssalement de l'eau, emploie 28.700 personnes dont près de 7.000 dans le pays.

    Et les craintes à son sujet sont malvenues pour le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, à moins de trois semaines des législatives.

    Le groupe s'est déclaré le 25 novembre en défaut de paiement. Depuis créanciers, syndicats et gouvernement tentent d'y voir plus clair.

    Le cabinet de conseil et d'audit KPMG a été mandaté par sept banques -les espagnoles Banco Santander, Bankia, Banco Popular, CaixaBank et Banco Sabadell, la britannique HSBC et la française Crédit Agricole- pour vérifier les comptes d'Abengoa et de ses centaines de filiales, selon Bloomberg.

    «La situation d'Abengoa suscite beaucoup d'inquiétude et de nervosité et chacun souhaite que l'impact soit le plus faible possible», juge à Madrid un analyste de la société de gestion d'actifs Renta 4, Ivan San Felix. «Mais cela dépendra du niveau d'exigence du comité des créanciers dirigé par la banque Santander. Dans ce type de situation, habituellement, une partie de la dette ne se paie pas mais est compensée en capital, par des actions».

    En situation de «pré-dépôt de bilan», Abengoa dispose de quatre mois pour parvenir à un accord avec ses créanciers. «Ce sera un processus très complexe et très long», avertit José Carlos Diez, chef économiste du cabinet de conseil Intermoney.

    - Le secteur bancaire exposé -

    Abengoa fait état d'une dette brute qui s'élevait à fin septembre à près de 9 milliards d'euros. Mais Antoine Bourgault, analyste du cabinet de conseil ISM Capital, à Londres, rappelle que «les investisseurs ont été échaudés par d'autres faillites en Espagne où on a trouvé de la dette dans les placards».

    Le dépôt de bilan du géant du poisson surgelé Pescanova en 2013, après avoir maquillé ses comptes pour réduire sa dette, avait ainsi beaucoup marqué les esprits, rappelle-t-il.

    Le secteur bancaire espagnol, qui reprend peu à peu des couleurs après être sorti début 2014 d'une plan de sauvetage européen de 41,3 milliards d'euros, devrait aussi être touché, avertit l'agence de notation Standard & Poor's. Les banques espagnoles détiennent environ 40% de la dette bancaire d'Abengoa et «elles commenceront à passer des provisions» en 2015, mais aussi en 2016 pour couvrir d'éventuelles pertes, ce qui pèsera sur leurs résultats.

    Les syndicats sont aussi dans l'expectative, faute d'avoir pu rencontrer la direction. «Nous attendons le rapport» de KPMG, a indiqué Francisco Carbonero, secrétaire général du syndicat de gauche CCOO en Andalousie, région regroupant environ 4.000 salariés sans compter les sous-traitants.

    L'onde de choc d'une faillite dépasserait largement les frontières de l'Espagne.

    Le groupe emploie plus de 20.000 personnes à l'étranger où il réalise près de 87% de son chiffre d'affaires. Il compte actuellement plus de 70 projets dans une vingtaine de pays et son premier marché sont les Etats-Unis, devant le Brésil et le reste de l'Amérique latine.

    Au Brésil déjà, ses difficultés sont tangibles, selon le Syndicat Sintepav qui regroupe les employés du secteur de la construction. Le syndicat prévoit 5.000 licenciements au total et 1.500 personnes ont déjà perdu leur emploi.


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