• Source: http://lesmoutonsenrages.fr/2016/10/24/medicaments-meurtriers-et-crime-organise-interview-du-professeur-peter-gotzsche-sur-la-pharmafia-2/

    Le Professeur Peter Gøtzsche, Directeur du Nordic Cochrane Centre pour la médecine, est l’auteur du livre « Médicaments Meurtriers et Crime Organisé : comment Big Pharma a corrompu la Santé», paru en anglais en 2013, en espagnol en septembre 2014 et ce 14 novembre 2014 en allemand. Parution en français prévue en 2015 aux Presses Universitaires de Laval (Québec).

    Professeur Gøtzsche, depuis plus de trente ans, notre réseau se préoccupe tout spécialement de Bayer. Quelle est l’importance de l’industrie pharmaceutique allemande, par exemple comme lobbyiste ?

    Toutes les grosses firmes pharmaceutiques pratiquent un lobbying intensif, également à l’échelon européen.

    La firme Bayer doit répondre de nombreux scandales liés à l’industrie pharmaceutique, depuis l’héroïne jusqu’au Lipobay. Quelles expériences avez-vous faites avec cette entreprise ?

    Comme toutes les autres grandes entreprises pharmaceutiques, Bayer a participé à la criminalité organisée : par exemple corruption de médecins, ou escroquerie vis-à-vis du programme d’assurance-maladie US Medicaid.  Durant la Deuxième guerre mondiale, Bayer a utilisé comme cobayes des détenus de camps de concentration. Une lettre datant de l’époque prouve que Bayer a acheté 150 femmes à Auschwitz pour 170 marks chacune. Bayer avait écrit au commandant du camp : « Les expériences ont été effectuées. Toutes les femmes sont mortes. Nous vous recontacterons rapidement par un prochain message. » Les entreprises allemandes ont par exemple injecté des bactéries typhiques à des détenus des camps puis expérimenté sur eux divers médicaments.

    Pourquoi comparez-vous l’industrie pharmaceutique au crime organisé ?

    Parce que j’ai découvert que le système commercial des dix premières firmes pharmaceutiques inclut la criminalité organisée.

    Dans les années 80 les médicaments de Bayer ont infecté des milliers d’hémophiles. Des documents internes prouvent que la direction de la firme était au courant des risques, mais a néanmoins continué à vendre ses produits. Est-ce un exemple de pratique criminelle ?

    Dans cette affaire Bayer n’était pas le seul. Beaucoup de firmes pharmaceutiques ont vendu des produits sanguins contaminés.

    Bayer dépense 10 milliards d’euros par an pour la publicité et la commercialisation. Cela inclut les dons de médicaments aux hôpitaux, les formations continues pour médecins, les visiteurs médicaux, les dons à des groupes de lobbying, etc. Mais la firme se refuse à révéler la ventilation de cette somme. Devrait-on contraindre les industriels à publier le détail de ces dépenses ?

     Oui, bien sûr. Mais il faudrait aller encore plus loin et interdire d’une manière générale la publicité pour les médicaments. Somme toute nous avons fini par réglementer la publicité en faveur du tabac, et le marketing pharmaceutique est tout aussi dangereux. gal_9290

    Pourquoi les firmes réussissent-elles toujours à imposer sur le marché des produits inutiles, voire dangereux ? Falsifier les résultats des tests médicamenteux et dissimuler les dangers des médicaments sont des pratiques courantes. En outre, partout nous nous heurtons à l’argent de l’industrie pharmaceutique, qui achète tous ceux qui ont une influence quelconque dans le domaine de la santé. L’industrie réussit à corrompre des personnages importants, et à tous les niveaux, jusqu’au Ministère de la Santé.Mais le plus dangereux, c’est le marketing pharmaceutique. Les mensonges vont souvent jusqu’à prétendre l’exact contraire de la vérité.

    A-t-on estimé le nombre de décès liés aux effets secondaires ?

    À partir d’enquêtes menées dans diverses parties du monde, on dispose maintenant de résultats solides. Aux USA, par exemple, on estime qu’environ 200 000 patients et patientes meurent chaque année suite aux effets secondaires des médicaments. Dans la moitié des cas environs, les médicaments avaient été prescrits de façon régulière. L’autre moitié est la conséquence de surdosages, ou bien le médecin n’avait pas prêté attention aux interactions possibles avec d’autres médicaments. Il est toutefois difficile d’incriminer les médecins : presque tous les médicaments comportent 20 précautions d’emploi ou contre-indications, voire davantage. Il est impossible de les connaître toutes.

    Quelle est à votre avis la proportion de médicaments utiles parmi ceux qui sont présents sur le marché ?

    Nous pourrions sans grande difficulté supprimer 95% des dépenses liées aux médicaments, et alors nous aurions même une population en meilleure santé. Rien qu’en achetant le médicament le moins cher ayant les mêmes effets, nous réduirions les dépenses de moitié.Dans bien des cas, il serait tout simplement mieux de ne prescrire aucun médicament. Tous ont des effets secondaires indésirables, dont la somme est responsable d’un nombre effrayant de décès. De même, nous ne devrions prescrire que très peu de médicaments psychotropes, car ils sont en général dangereux dès que la prise excède quelques semaines.

    Les pilules contraceptives de la génération Yasmin présentent un risque d’embolie plus élevé que celles des générations précédentes. Rien qu’aux USA, Bayer a dû payer près de 2 milliards de dollars à des femmes abîmés. Pourquoi ces pilules ne sont-elles toujours pas interdites ?

    Un de mes collègues danois a publié très tôt deux études prouvant que les pilules de type Yaz ou Yasmin présentent un risque plus élevé de formation de caillots. Il a été la cible d’attaques agressives de la part de médecins stipendiés par Bayer, qui a en outre financé des études contestant l’accroissement des risques.

    Bayer est l’un des plus gros marchands de médicaments en vente libre au monde. Quel est le plus gros problème en ce domaine ?

    La plupart ne servent à rien, sauf à soutirer de l’argent aux clients.

    Que pensez-vous des tentatives, répétées régulièrement, de faire prendre tous les jours de l’aspirine même aux gens en bonne santé pour prévenir les maladies cardiaques et certains cancers ?

    Il n’y a rien à objecter, somme toute nous voulons tous vivre longtemps. Le revers de la médaille est cependant que très peu profiteraient d’une telle prophylaxie, alors qu’elle nuirait à beaucoup. Ce n’est donc pas une bonne idée de traiter préventivement toute la population. D’une manière générale, le surtraitement de gens en bonne santé constitue l’un des principaux problèmes de santé actuels et parallèlement l’un des bizness les plus lucratifs pour l’industrie pharmaceutique.

    Bayer et le CHU de Cologne ont conclu en 2008 un vaste contrat de collaboration. Nous avons vainement essayé d’avoir un aperçu de son contenu. Nous accordez-vous que ce genre de partenariats à contenus secrets conduisent à orienter la recherche selon des critères purement économiques ?

    Je suis un adversaire résolu de ce type de partenariats. L’expérience montre que les firmes en retirent la plupart du temps des bénéfices et revendiquent les résultats pour elles-mêmes. Les contribuables règlent la note en payant les médicaments beaucoup plus cher.En outre : est-il acceptable de collaborer avec une branche qui a souvent une conduite criminelle et qui accepte de faire mourir de nombreux patients par désir de profit ? Pour moi, c’est non. Les études cliniques doivent être menées de façon complètement indépendante des firmes. Et il ne doit pas y avoir de partenariat secret dans le domaine de la santé, c’est fondamental. Vous devriez exiger un droit de regard devant les tribunaux ou vous adresser à un médiateur ou au personnel politique.

    Des études financées par l’argent public parviennent souvent à des résultats différents de ceux des enquêtes menées par les industriels. Comment cela se fait-il ?

    Cela n’a aucun sens de laisser une entreprise qui peut gagner des milliards d’euros par le biais d’études complaisantes être le plus souvent la seule à recevoir les données brutes des études.Dans notre système, les entreprises pharmaceutiques sont les seuls juges. C’est tout de même bizarre, car dans d’autres domaines nous nous y refusons. On trouverait par exemple ridicule de dire à un juge : « J’ai fait ma propre enquête et voilà les résultats. » Mais c’est justement ce système que nous avons accepté dans le domaine de la santé. Les industriels font faire les études eux-mêmes et les manipulent souvent de façon scandaleuse. C’est pourquoi on ne peut se fier aux publications émanant des entreprises, même dans des revues spécialisées de grand renom.

    Selon vous, le système est bourré de conflits d’intérêt. Les firmes pharmaceutiques rémunèrent des médecins, des hauts fonctionnaires pantouflent dans l’industrie, et inversement. Comment changer cela ?

    Partout on se heurte à l’argent des industriels. C’est pourquoi je propose d’interdire purement et simplement la publicité pour les produits pharmaceutiques. Les bons médicaments s’imposeront toujours, nous n’avons pas besoin de réclame pour ça.Interdire la publicité empêcherait que les visiteurs médicaux ne corrompent les médecins. Les rédacteurs des revues médicales n’auraient plus aussi peur de publier des articles qui ne servent pas les intérêts des industriels. Une telle réforme libérerait la presse médicale de l’emprise de « Big Pharma » (les Grandes Compagnies ?).

    Avez-vous d’autres demandes de réglementation de l’industrie pharmaceutique ?

    Les industriels conservent par devers eux les données brutes de leurs études. Nous devrions plutôt soumettre les nouveaux médicaments à des enquêtes effectuées par des instances publiques. Les fabricants pourraient payer les tests, mais n’auraient rien d’autre à faire avec les études elles-mêmes. Et les médecins ne devraient accepter aucune libéralité des industriels. Actuellement beaucoup de médecins sont malheureusement prêts à se donner pour co-auteurs d’études, rédigées en réalité par les firmes, et sans pouvoir accéder à leurs données brutes. Or ces études ne peuvent être réalisées sans la collaboration des médecins et de leurs malades. C’est donc un cas de trahison de l’intégrité scientifique et d’abus de confiance envers les patients. Les médecins et les groupes d’entraide de malades doivent tout simplement refuser l’argent d’industriels aussi corrompus.

    Dans votre livre, vous dites que ceux qui dévoilent la conduite criminelle des industriels de la pharmacie sont aussitôt traités en parias. Avez-vous subi des rétorsions après la parution de ce livre?

    Non, au contraire, le livre a été encensé. Des industriels je n’ai bien sûr pas eu de retours directs. Mais il y a eu quelques mensonges purs et simples de la part des groupes de lobbying et de leurs partenaires stipendiés au sein du corps médical.

    Source: Tlaxcala-int.org via Preventionsante.org


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  • Ajoutée le 27 nov. 2014


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  • Ajoutée le 8 sept. 2016

    CONFERENCE DE NASSIM HARAMEIN organisée par La Télé de Lilou à Paris le 23 avril 2016 - La Solution de masse holographique et la Source de la Conscience


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  • Source: http://tempsreel.nouvelobs.com/sante/20161020.OBS0122/de-plus-en-plus-de-chocs-toxiques-des-femmes-meurent-pour-un-tampon.html#

    Le CHU de Lyon alerte sur la recrudescence de ce phénomène, qui peut occasionner dans des cas très rares l'amputation voire le décès. Et lance une initiative inédite : la collecte de tampons pour une étude. Interview du professeur Gérard Lina, chef de service.

     
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    Mourir en l’espace de 48 heures ou se voir amputée d’un membre. C’est qu’encourent les victimes du syndrome de choc toxique, événement extrêmement rare qui survient la plupart du temps pendant les règles, lors du port prolongé d’un tampon hygiénique. L’ancien mannequin parisienne Lauren Wasser, touchée en 2015 à l’âge de 19 ans, qui avait perdu une jambe, avait notamment ému avec son histoire.

    Le centre national de référence des Staphylocoques des Hospices Civils de Lyon alerte ce jeudi sur ce qu’il considère comme une augmentation inquiétante et non expliquée de ce phénomène en France. Ainsi, de cinq cas déclarés en 2004, on est passé à plus de 20 en 2014 et 18 en 2016.

    Une maladie dont la prévalence est très faible mais dont la sévérité justifie que l’on s’y intéresse, selon le professeur Gérard Lina, chef du service, qui lance une initiative originale : une collecte de tampons usagés à l’aide de kits de prélèvements afin de disposer de suffisamment d’échantillons bactériens pour permettre de mieux comprendre ce syndrome. Interview.

    Vous appelez à une collecte de tampons afin de mieux comprendre le syndrome du choc toxique. Cela avait-il déjà été fait ?

    - C’est inédit à cette échelle ! A l’heure où je vous parle, j’ai déjà reçu plus de 700 mails de femmes prêtes à nous aider. Vous savez, je suis un homme, mais j’ai une épouse et trois filles. Je suis sensible à ces questions. C’est en travaillant ensemble que nous pourrons progresser. Il nous faudrait un grand nombre d’échantillons, dans l’idéal au moins 1.000, car de très nombreux facteurs interviennent dans cette maladie.

    D’où vient le syndrome du choc toxique ?

    - Nous sommes tous porteurs à un moment ou à un autre de notre vie de de staphylocoques dorés, soit de manière permanente, par exemple au niveau du nez, ou transitoire au niveau de la peau. Au niveau vaginal, faute d’études suffisantes, on ne connaît pas la durée de vie des souches.

    Les bactéries S. aureus, qui représentent un cinquième des staphylocoques dorés, sont productrices de toxines TSST-1 au niveau vaginal. Cela représente à peu près 1% des femmes. Mais elles font partie de notre flore bactérienne normale. Notre système immunitaire est donc en contact avec cette flore. La plupart des porteurs développent des anticorps dirigés contre cette toxine, ce qui les protège.

    Mais dans de rares cas, les personnes qui n’ont pas développé d’anticorps peuvent connaître une réaction aigue lorsque la toxine se retrouve dans le sang. Le syndrome du choc toxique, une maladie aigue très rare mais grave, potentiellement mortelle, est une forme d’accident qui survient au cours des règles lors de l’utilisation de dispositifs vaginaux (tampons, coupes menstruelles…). La plupart du temps chez des sujets jeunes et en bonne santé. Il faut être déjà porteuse de cette fameuse souche particulière de staphylocoque doré.

    Structure tridimensionnelle de TSST-1 (Creative Commons).

    Le sang des règles, coincé en intravaginal, représente un très bon milieu de culture, chaud, avec des nutriments, un véritable bouillon de culture où la bactérie peut se multiplier. La toxine TSST-1 qu’elle produit est capable de traverser la paroi vaginale et de se diffuser dans l’organisme. Elle est active à des taux de concentration très faible et stimule de façon massive les lymphocytes, provoquant un choc toxique. Les vaisseaux sanguins se vident de leur contenu, créant une hypotension, les organes ne reçoivent pas assez de sang. Pour se défendre, l’organisme favorise les organes vitaux, comme le cœur et le cerveau, au dépend des organes périphériques et des membres. Si rien n’est fait, c’est la nécrose, et l’on risque l’amputation, comme pour le mannequin Lauren Wasser, qui a perdu une jambe à l’âge de 19 ans, ou le décès.

     

    En quelques heures, une jeune fille peut finir intubée en réanimation. C’est rageant d’en arriver là juste pour avoir porté un tampon.

    Pourquoi passe-t-on parfois à côté de ce choc toxique ?

    - Le problème est que les signes cliniques font souvent penser à une virose, comme la grippe ou la gastroentérite. Et que c’est une maladie très rare, les médecins n’y pensent donc pas forcément. Les symptômes du choc toxique sont une fièvre soudaine et élevée, de plus de 38,9°, une douleur dans les muscles, une grande fatigue, une sensation de malaise avec céphalées, des vomissements, une diarrhée, une éruption cutanée rouge ressemblant à un coup de soleil… Lorsque l’on constate ces signes, il faut vite enlever son tampon ou sa coupe menstruelle et mettre un dispositif de protection extravaginal (serviette) avant de consulter en urgence. Une suspicion de choc est une urgence et la patiente doit être hospitalisée. Là on va chercher à détecter le staphylocoque au niveau vaginal.

    Le choc toxique était bien connu dans les années 1980 car une épidémie liée à la présence de polyacrylates dans les tampons avait eu lieu aux Etats-Unis. Lorsque ces derniers ont été retirés de la vente, la vigilance s’est relâchée, alors que le risque est toujours présent avec les tampons en coton.

    La lanceuse d’alerte Mélanie Doerflinger est à l’origine d’une pétition pour que soient dévoilés les ingrédients des tampons. Leur composition peut-elle être incriminée ?

    - On ne peut pas l’écarter. Mais on ne peut pas se prononcer non plus, c’est difficile à dire. Nous ne disposons pas de suffisamment d’études récentes. D’où l’intérêt aussi de notre collecte.

    Afficher l'image d'origineLes tampons peuvent être responsables de choc toxiques. (Brad Cerenzia / FLICKR CC)

    Vous dites que l’on assiste à une recrudescence du nombre de cas de syndromes de chocs toxiques dus aux tampons et autres cups. Mais ils ne sont pas si nombreux à l’échelle de la France.

    - Rien que le week-end dernier, nous avons eu un autre cas, portant à 18 le nombre de jeunes filles touchées cette année ! Avant 2005 nous avions moins de cinq cas par ans. Maintenant c’est une vingtaine. C’est difficile à évaluer car il ne s’agit pas d’une maladie à déclaration obligatoire. C’est selon le bon vouloir des médecins et des laboratoires. Et il n’y a pas de suivi longitudinal des patients. C’est qui est tout de inquiétant c’est que cela perdure au fil des années, et peut finir avec l’amputation ou la mort de la patiente, même si cela est extrêmement rare. Cela reste un problème de santé publique et nous avons l’impression que la prise en charge n’est pas optimale.

    Pourquoi cette augmentation ?

    - Difficile à dire ! Est-ce dû à une modification de notre immunité ? A une modification de la flore intestinale du fait d’un changement d’alimentation, qui va elle-même entraîner une modification de la flore vaginale des femmes ? A une modification de la composition des tampons ? Au biais déclaratif, qui ferait que l’on signalerait davantage de cas ? En l’absence d’études, on ne peut pas le dire. Les femmes utilisent aussi davantage les tampons qu’autrefois, les gardent plus longtemps, dorment avec : il y a 15 ans, elles ne les portaient pas plus de 4 heures, maintenant c’est parfois 8 heures.

    Comment peut-on faire pour s’en prémunir ?

    - Sans tomber dans la psychose et ne plus porter de tampons, il faut bien avoir la notion de risque lorsque l’on porte un tampon ou une cup et lire la notice afin d’avoir le réflexe de les enlever si l’on observe les signes cliniques concomitants du choc toxique. Dans l’idéal, on change son tampon toutes les quatre heures et on ne le porte pas plus de huit heures. Après, on sait bien que c’est pratique d’en porter un la nuit, dans ce cas, il faut simplement rester vigilant par rapport à ces symptômes.

    A quoi va servir la collecte ?

    - Nous allons tenter de voir si la flore vaginale diffère en fonction du type de tampon. Et si cela penche en faveur d’un choc toxique ou pas. Et si la présence de probiotiques peut empêcher la prolifération de staphylocoques S. aureus chez les porteuses.

    Les coupes menstruelles sont donc aussi concernées…

    - Tampons et cups, même combat ! On a aussi observé des cas de chocs toxiques chez des porteuses de cups. C’est mécanique, puisque le principe repose sur le stockage du sang au niveau vaginal. Mais nous ne savons pas quelle est la part des deux dispositifs puisqu’il n’y a pas encore d’études à ce sujet.


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  • source: https://reporterre.net/Pour-changer-l-economie-ils-relocalisent-la-monnaie

    31 août 2016 / Baptiste Giraud (Reporterre)

     

    En France et dans le monde, les « monnaies locales complémentaires » se multiplient. Leur but : favoriser les commerces de proximité, les petits producteurs, les circuits courts, et l’économie locale. Mais elles alimentent aussi une réflexion essentielle sur le rôle et le sens de la monnaie et de l’économie.

    Après le revenu de base et l’entreprise sans hiérarchie, Reporterre poursuit sa série d’enquêtes sur les alternatives qui peuvent changer la société, Du local au global. En se demandant ce qui se passerait si les solutions n’étaient pas alternatives, mais appliquées à grande échelle. Troisième volet : les monnaies locales complémentaires.


    Samedi matin au marché de Trentemoult, petit village de l’agglomération nantaise. Une quinzaine de commerçants ont déballé leur stand au bord de la Loire. Parmi eux, trois se distinguent. Fromages, confitures, fruits et légumes : chez eux, tout peut s’acheter aussi bien en euros qu’en retz’L, la monnaie locale du pays de Retz (prononcer «  »). Outre les cabanes de pêcheurs qui ont remplacé les ponts européens sur les billets, on remarque peu de différence dans le geste banal de paiement. Pourtant, ce sont deux visions de l’économie qui se côtoient ici.

    Derrière son étalage de confitures, Anne Kermagoret accepte les retz’L depuis peu de temps : « J’ai été intéressée par le côté militant avant tout, contre la spéculation. Et puis, cela amène davantage à parler avec les gens. » En face, Anne Blomqvist vend des fruits et légumes bio en retz’L depuis deux ans. Elle a constaté une augmentation de la circulation de la monnaie locale depuis la diffusion du documentaire Demain : « Cela remotive, car on retrouve le sens de la démarche globale », explique-t-elle. Le sens d’une monnaie locale ? C’est d’abord de relocaliser la production et la consommation dans un cercle proche, de développer une forme de « résilience », mais aussi de « renforcer le lien social à travers nos échanges », favoriser le développement d’activités, et « refuser la spéculation » (voir le Manifeste pour les monnaies locales complémentaires).

    « Une mobilisation citoyenne tout à fait impressionnante »

    Un peu plus loin, dans le bourg limitrophe de Bouguenais, d’où est parti le Retz’L en 2012, la boulangère se montre un peu moins enthousiaste : « Je l’utilise car des clients me l’ont demandé, et pour le fun. Mais je ne suis pas convaincue... » Même distance chez sa voisine, épicière : « L’objectif est que tout le monde s’en serve, mais pour l’instant ce n’est que certaines personnes, des militants. Alors je ne reçois pas beaucoup de retz’L et je les reconvertis toujours en euros. » Et pour cause : seuls 300 utilisateurs et 150 professionnels utilisent les environ 20.000 retz’L en circulation. « L’adhésion à ces monnaies reste faible car les gens ne sont pas informés de toutes les dimensions que cela comporte, reconnaît Philippe Derudder, qui promeut la création de monnaies locales complémentaires (MLC) depuis une dizaine d’années en France. Or, il faudrait davantage d’utilisateurs pour que les MLC aient une réelle pertinence ».

    C’est en effet le paradoxe actuel des MLC. De plus en plus d’associations se créent pour lancer des monnaies locales. Depuis la première en France, l’Abeille de Villeneuve-sur-Lot en 2010, plus d’une trentaine sont entrées aujourd’hui en circulation (carte). Et encore une trentaine en préparation, dont une à Paris, en collaboration avec la mairie. Sans compter leurs cousines, autres monnaies sociales et systèmes d’échanges locaux (SEL) aux fonctionnements différents [1]. « En très peu de temps, les MLC ont pris finalement pas mal d’ampleur dans notre pays. Cela veut dire qu’il y a une mobilisation citoyenne tout à fait impressionnante », analyse Christophe Fourel, coauteur du rapport D’autres monnaies pour une nouvelle prospérité et chef de la mission Analyse et stratégie au ministère des Affaires sociales et de la Santé. Parmi les succès notables, la monnaie du Pays basque, qui compte 3.000 adhérents, 600 entreprises et 460.000 euskos en circulation. Mais dans un grand nombre de cas, les groupes locaux peinent à atteindre un nombre suffisant de participants pour lancer une vraie dynamique économique.

    « Pour qu’une MLC fonctionne vraiment bien, il faut trois acteurs : des citoyens utilisateurs, des prestataires et commerçants, et des collectivités locales », selon Jean-François Ponsot, maître de conférence en sciences économiques à l’université Grenoble Alpes. Or, aujourd’hui, le 3e ne joue pas le rôle moteur qu’il aurait si les salaires versés par les collectivités locales, leurs achats, et les impôts prélevés, étaient en monnaie locale.

    Un côté éducation populaire ou atelier constituant 

    En Allemagne, des MLC ont existé dès le début des années 2000, mais sans aucune reconnaissance de l’État. « Une commune a essayé d’accepter les impôts en monnaie locale, mais elle s’est fait contrôler par l’administration, qui n’en voulait pas », nous raconte Christophe Levannier, du chiemgauer, la monnaie locale de Bavière. Résultat, l’essor attendu des MLC a tourné court, et seul le chiemgauer s’est développé. En France, la loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014 a permis la reconnaissance des MLC. Mais sans régler la question de leur utilisation par le secteur public, qui devrait être étudié à l’Assemblée nationale en septembre prochain. Techniquement, rien ne s’y oppose, et certaines mairies ont déjà commencé à accepter des monnaies locales dans des maisons de quartier, centres de loisirs, cantines scolaires ou crèches.

    Si l’effet des monnaies locales sur l’économie réelle reste pour l’heure très limité et difficilement quantifiable, il se pourrait que leur intérêt principal réside dans le décodage et l’appropriation de la monnaie par les citoyens. « La plupart des gens ne savent pas comment fonctionne la monnaie, comment elle est créée, et en même temps ils entretiennent une relation très passionnelle avec elle », selon Christophe Levannier. Faire partie d’une MLC, c’est participer à la création ou à la gestion d’une monnaie, et cela implique de comprendre la mécanique interne. Comment est créée la monnaie ? À quoi correspondent les taux d’intérêt ? Une monnaie peut-elle être fondante (avoir un taux d’intérêt négatif) ? Ces questions incontournables donnent aux MLC un côté éducation populaire, ou atelier constituant.

    « La monnaie, c’est du lien social, cela incarne des valeurs, des pratiques, des projets, rappelle Jean-François Ponsot. Or aujourd’hui, l’essentiel des crédits bancaires alimente la spéculation, c’est un détournement. Donc ce n’est pas étonnant que certains cherchent à se réapproprier la monnaie. C’est un phénomène sain », poursuit-il. À l’opposé d’une institution monétaire européenne (la Banque centrale) qui parait très éloignée et technocratique, l’échelon local permet aux citoyens ainsi réunis de décider du fonctionnement de leur monnaie de manière démocratique, en assemblée générale.

    Une monnaie complémentaire nationale, le Coopek 

    Et cela en partant des défauts de l’actuelle : « L’euro est très efficace pour les échanges internationaux, mais présente un inconvénient : elle détruit les structures locales », soutient Christophe Levannier. D’où la nécessité de monnaies locales véritablement « complémentaires », opérant chacune à une échelle différente. « La production de vêtements par exemple, sera plutôt nationale ou européenne. Même chose pour les smartphones et autres produits manufacturés. Donc il serait intéressant que les monnaies locales travaillent en réseau : j’ai un compte en euskos, mais je peux faire une conversion vers une autre monnaie locale », explique Dante Edme-Sanjurjo, coprésident de la monnaie basque..

    Et cela ne serait d’ailleurs pas nouveau. Jusqu’au début du XXe siècle, plusieurs types de monnaies circulaient en même temps, « monnaies de cuivre ou de billon pour les échanges de base des communautés villageoises, d’argent pour les échanges nationaux et la fiscalité d’or pour les échanges internationaux et la diplomatie », rappellent Bruno Théret et Wojtek Kalinovski dans Les Dossiers d’Alternatives économiques consacrés à la monnaie. Les MLC prônent donc la diversité monétaire, renforçant la résilience des économies, contre la « monoculture monétaire », plus sensible aux crises.

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    Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort (Allemagne).

    Justement, après les monnaies locales, une monnaie complémentaire nationale, entièrement numérique, devrait voir le jour en octobre prochain : le Coopek. Imaginée par les dirigeants de Biocoop, cette monnaie sera gérée par une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), et utilisable par tout le monde à condition d’adhérer à la SCIC. « La spéculation est le cancer du système monétaire européen : l’argent ne circule pas et se multiplie sur lui-même. Le Coopek, lui, servira le développement de l’économie réelle », insiste Claude Gruffat, président de Biocoop.

    Mais n’y a-t-il pas un risque que monnaies locales et monnaie nationale entrent en concurrence ? « La cohérence d’une monnaie locale, c’est de se connaître, partager quelque chose, avoir une chance de se rencontrer physiquement. Si l’on est au niveau du pays entier, ça n’a pas le même sens. Il faudra faire attention que cette monnaie-là ne vienne pas capter l’attention au détriment des monnaies plus intéressantes qui sont locales », prévient Dante Edme-Sanjurjo, qui n’est pas le seul à s’inquiéter. Claude Gruffat assure que tout sera fait pour que la cohabitation se passe bien, et défend l’intérêt de l’échelle nationale : « Aujourd’hui, dans huit entreprises sur dix, l’argent vient d’ailleurs que du local, donc il faut tenir compte de ces périmètres. La monnaie nationale permettra une meilleure circulation d’argent, et renforcera l’économie locale. » Il donne l’exemple des magasins Biocoop, qui appartiennent à un réseau national, mais proposent également des produits locaux.

    Critiquer et repenser le système économique dominant 

    Pour relocaliser l’économie, il existe un autre outil : la mise en place de droits de douane selon la provenance des produits qui passent la frontière, également appelé protectionnisme. « Les MLC correspondent à ce qu’on peut faire au niveau citoyen, mais dans une approche plus politique, il serait tout à fait intelligent de revenir à du protectionnisme pour équilibrer les échanges », selon Philippe Derudder. La solution ne séduit pas les décroissants, qui y voient une « réaction palliative de protection réflexe ».

    Reste que le chemin de monnaies locales conduit à critiquer et repenser le système économique dominant. « L’idée d’avoir une monnaie qui soit vraiment au service de l’économie réelle, au-delà des MLC, passe par la réforme du système de financement de l’économie : contrôler le crédit en nationalisant des banques ou en mettant en place une gouvernance coopérative, se débarrasser des banques d’affaires, faire une réforme bancaire en profondeur, etc. » lance Jean-François Ponsot.

    Parmi ces idées, celle de permettre l’émission d’une monnaie publique à l’échelle locale ou nationale semble faire son chemin. Philippe Derudder travaille sur une « monnaie nationale complémentaire pour financer le bien commun ». Il s’agirait de financer par la création d’une monnaie alternative (non compensée par des euros, comme c’est le cas pour les MLC actuelles) l’économie de biens communs (la santé, l’éducation, la justice, etc.) et donc de la rendre indépendante du secteur marchand. Ce système pourrait également être mis en place à l’échelon local, en permettant aux monnaies locales de croître sans qu’il soit nécessaire de déposer des euros, afin de financer certains projets [2].

    « Aujourd’hui les MLC sont des espaces de débat et de réflexion qui posent les questions de fond. Mais on ne sait pas s’il y aura des MLC dans le monde de demain », avoue Philippe Derudder. « L’outil MLC en lui-même n’a rien d’extraordinaire, il fonctionne quand les gens s’en emparent, ce n’est pas lui qui va révolutionner les choses », abonde Jean-Claude Chauvigné, du retz’L. L’essentiel serait plutôt dans notre imaginaire, notre conception des échanges en société. « La monnaie locale est un outil, ce qui est loin d’être suffisant pour faire société. Mais elle peut être assez pertinente pour accompagner une transformation sociale et culturelle : remettre le marché et l’économie à leur place, en dessous des valeurs conviviales et humaines », conclut le décroissant Vincent Liegey.


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